Dépénaliser l’euthanasie, légaliser le suicide assisté ?

·     o  Réponse adaptée ou fuite en avant  pour mettre fin aux souffrances de la grande dépendance des personnes âgées, des lourds handicaps, des longues maladies sans espoir de guérison ? 

·        o   Peut-elle être complémentaire ou se substituer par défaut, aux soins palliatifs ? 

·         o   Après l’avis du Comité Consultatif National d'Ethique sur l'accompagnement de la fin de vie, quelles décisions du gouvernement ?

 « La dignité renvoie bien à une valeur incomparable, absolue, inaliénable, intangible. L’être humain, dès lors qu’il est un humain, est un être digne, quelle que soit la représentation que l’on peut se faire de lui-même, quelle que soit l’idée qu’il peut se faire de lui-même …L'euthanasie ne «complète» pas les soins palliatifs, elle les interrompt…Elle ne couronne pas l'accompagnement, elle le stoppe… Elle ne soulage pas le patient, elle l'élimine...

... C'est le commencement de la légalisation du meurtre. On sait où ça commence mais pas où ça s'arrête. Les pays où elle est légalisée montrent des dérives. En Hollande, les euthanasies clandestines ont augmenté en même temps que les euthanasies officielles car le curseur s'est déplacé.  On meurt plus facilement en Hollande d'euthanasie que d'accident de la route car les Hollandais ont intériorisé qu'à partir d'un certain moment, vous êtes une charge, vous êtes de trop. Cela entérine la dépréciation de soi...»         

Jacques RICOT,  Agrégé  et Docteur en philosophie,  chargé  de cours  de bioéthique  à  l’Université  de Nantes 

« À l'heure où la dépénalisation de l'euthanasie est débattue, on ne peut avoir qu'une inquiétude: être amenés à mettre en place un autre dispositif législatif pour de mauvaises raisons, c'est-à-dire faute d'avoir suffisamment d'unités de soins palliatifs et d'appliquer correctement la loi Léonetti … le CCNE souligne: « c’est la lutte contre les situations objectives d’indignité qui doit mobiliser la société et les pouvoirs publics : non-accès aux soins palliatifs pour tous, isolement de certaines personnes à la fin de leur vie, mauvaises conditions de vie et défaut d’accompagnement des personnes malades et handicapées... une dépénalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté serait un signal d’abandon adressé aux personnes les plus fragiles et les plus vulnérables (personnes gravement malades, handicapées ou tout simplement âgées). »                                              

Dr Vincent MOREL, Président de la Société Française d’Accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) 

"Cette conviction légitime ma détermination à ne pas accepter que, pour supprimer douleurs et souffrances, il faille impérativement supprimer le mourant et légaliser l’euthanasie, autrement dit ouvrir notre législation à un droit de tuer... La force de cette solidarité devant la fin de vie se mesurera à l’aune des moyens qui seront mobilisés pour satisfaire au devoir humain d’accompagnement, c’est-à-dire pour améliorer l’organisation et la qualité de l’offre de soins palliatifs sur l’ensemble du territoire. Sans ces moyens, l’opinion publique pourrait à nouveau devenir l’otage de l’émotion qui paralyse la raison et le discernement, lequel permet de comprendre que la demande de mort est le plus souvent, de la part du malade, l’ultime moyen d’interpeller son entourage, d’exister aux yeux de l’autre et, par là même, de lui rappeler que, même en fin de vie, reste vivace le désir de vivre un peu encore – vivre, c’est-à-dire conserver des relations avec l’autre, ces relations qui nous font personnes humaines." 

       Michel VAXES, Député honoraire PCF, Bouches-du-Rhône, membre de la Commission spéciale qui a abouti à la loi de 2005 sur la fin de vie et de la Mission d'évaluation de cette Loi, en tant que député.

Ouvrages disponibles le jour du débat  :                                                                                                                                        

*  « Ethique du soin ultime » de  Jacques RICOT, Presses de  l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 24€  et « Philosophie et fin de vie» éditions ENSP(Editions de l'Ecole Nationale de la Santé Publique) 18€ 

* « Michel VAXES, portrait d'un citoyen en député du peuple" de Pierre DHARREVILLE - Les Éditions Arkane 17 -10 €

Site internet : Vérité sur l’affaire Humbert, d’Hervé MESSAGER « Le kiné de Vincent parle »